Paradis

Recueil de poèmes. (2022)

1

La création m’appelle
Et j’accours à son tour
Quand le soleil plonge dans l’horizon
Englouti par les dernières montagnes
Le chant de l’oiseau sur la branche
Annonce la grande bataille
La plume bleue danse au sol
Et les premiers tambours battent
Entre deux nuages
L’armée fend la plaine
Que la guerre commence !


2

Une centaine de lunes
S’empilent dans le ciel
Nuée blanche
Reflet sur le lac
Annonce un lendemain
Ultime sur Terre
Elle saute dans l’étang bleu
La nuit comme gardienne
Le corps enrobé par l’eau fraîche


3

Rien de plus beau
Que ton corps sur les voiles
De soie et d’or
Le miel de ton âme
Qui regorge de ton cœur
Et coule entre mes mains


4

Soupir d’amour
Que j’offre à la lune
Quand sur l’herbe j’expire
Les pensées en ta faveur
Le vent souffle sur la colline
Il surplombe la plaine
Et l’incarne à la fois


5

Dieu mon amour
En ton cœur j’ai migré
Blottie contre ton sang
La vie m’a emportée


6

Les arbres soufflent
Les arbres sifflent
Mais où va le loup ?
Il partage la forêt
Et comble la lisière
Le bois comme seul ennemi


7

Chaque cellule nage en moi
Comme un banc de poissons
Emporté par les courants
Le souffle aquatique
De la grande Source


8

Honorant son plein pouvoir
La tigresse se déhanche jusqu’à la source
Elle s’abreuve de l’eau claire
Le nectar de la sagesse
Le corps perlant les gouttes
D’or et de vitalité
Sa vision transperce le feuillage
Son cœur tremble dans la terre
Les singes hurlent
Rappelant sa royauté
Sur la luxuriante forêt


9

Je me baigne
Dans le sang de mes ancêtres
Une offrande pour leur don
L’héritage de la vie


10

Après la grande tempête
J’ai repris la plume
Trouvée au sol
Loin du corps qui lui appartient
Promesse d’être une gardienne
De cette sagesse volatile


11

Je finis toujours par retrouver
La source des sources
Au centre de la luxuriante forêt
Le point d’eau sacré
Limpide et doré
Où remettre mon corps
Joie !


12

Le temple du Temps
Sur sa colline
Jamais ne vacille
Ni se décline


13

Savourant le calme nocturne
Je me languis de la sagesse des montagnes
— Faire le deuil du village
Car la forêt a appelé
Écouter le bruit des rivières
Flotter dans l’herbe
Je plonge dans l’abysse la plus profonde
La source des cœurs qui ne cesse de couler