Cet article est issu de mon travail de projet réalisé dans le cadre de l’obtention du diplôme d’enseignante de yoga de l’association professionnelle Yoga Suisse. Ce travail explore la question suivante : « De quelle manière le yoga, à travers ses différents systèmes, anciens et modernes, se propose-t-il comme un moyen d’union au divin ? ». La version complète est disponible ici.
Installé en un lieu et un instant, dans la douceur de la lenteur, une qualité fondamentale de la pratique se révèle : le silence. Le silence n’est pas l’absence de sons ; c’est un état de quiétude qui nous éveille à une perception subtile : ici, dans cet espace éthéré, peut surgir une présence. Au-delà du monde des sons, c’est elle qui nourrit notre âme d’une mélodie limpide et ravissante. Ce chant muet et divin nous guide ; il nous porte dans l’expérience de la réalité, à travers ses mille et une formes.
Apprivoiser le silence, le percevoir même au cœur de l’activité du monde est un ouvrage en soi. La pratique affine notre capacité d’écoute. Car bien souvent, la voix de l’intuition murmure. Elle se présente à celui qui, le cœur nu et les mains ouvertes, s’ouvre à recevoir.
7
La forêt m’appelle
Loin dans les montagnes
Je sens son souffle sur ma joue
Je sens la terre sous mon cou
J’entends la sève en-dessous
8
Cette voix
Cette voie
Souffle dans les bois
Où aller d’autre ?
Elle sinue les glaciers
Affale les feuilles
Rend hommage à la terre
9
Les déesses froncent
Roulent et s’emmêlent
Attendent l’appel
Mais jamais ne font rien
Où est le temps du repos ?
Assises les yeux clos
Tisser chaque jour le recueil
Accueillir le tendre écueil
10
Je regarde la montagne chaque matin
Et nous discutons sans parler
Les mots sont superflus
Nous contons le chemin
Le cœur grand ouvert
11
C’est dans le silence
Que je récolte les mots
La parole juste et mûre
Qui pare la nature
Qui part à l’aventure
Rentre avec des mythes
12
Il y a une vérité
Qui veut inlassablement s’exprimer
Insaisissable et fugace—
13
Les rivières coulent !
Le vent hurle !
Les feuilles tombent !
L’orage se déverse !
Les aigles crient !
Tu es en vie !
14
Plongée dans le lac intérieur
Calme paisible
Ce lieu de grâce intact
Est là, toujours.
15
Et ma vie n’est au fond
Que les bulles qui s’écoulent sur la surface
Des fins cours de montagnes
Autre perception
Image : Charles Jalabert. (1853). Nymphes écoutant les chants d’Orphée [Peinture]. Walters Art Museum, Baltimore.